La plus ancienne contamination en métaux aux pieds des pyramides de Gizeh

Contamination métaux - Gizeh

Au sein de cette étude, le CRBE a élaboré le modèle permettant de détecter l’empreinte anthropique dans les marqueurs géochimiques. Le laboratoire est également à l’origine du signal et des analyses statistiques, ainsi que de l’ensemble des figures.

Cette étude est le fruit d’une collaboration internationale et interdisciplinaire, dont le CNRS fait partie, qui a permis de produire plusieurs articles sur les reconstructions paléoenvironnementales du plateau de Gizeh où ont été construites les pyramides de Khéops, Képhren et Mykérinos, et de nombreux tombeaux pharaoniques. Si ce site a fait l’objet de nombreux travaux archéologiques, les approches géomorphologiques, paléoécologiques et géochimiques y sont rares voire inexistantes. La mise en œuvre de ces approches simultanément sur des échantillons du même site révèle la plus ancienne contamination régionale en cuivre et en arsenic de plus de 5000 ans, résultant de l’utilisation d’outils, en particulier pour l’édification de la nécropole.

Cette découverte a été rendue possible grâce aux analyses géochimiques réalisées sur une carotte sédimentaire forée aux pieds des pyramides, dans un ancien bras du Nil aujourd’hui disparu et qui permettait d’acheminer les matériaux de construction, ancien bras caractérisé par une prospection géophysique et géomorphologique publiée par la même équipe (1,2,3)

Les différentes phases de développement de la nécropole de Gizeh peuvent ainsi être caractérisées chimiquement depuis la période prédynastique jusqu’au Nouvel Empire, avec une attention particulière portée sur la construction des pyramides et du Sphinx. Cette étude conforte des résultats archéologiques et contribue à lever des incertitudes sur les dates d’édification de tombes pharaoniques, en particulier pendant la première dynastie, plus de 3000 ans avant notre ère. Ces travaux se fondent parfaitement dans les découvertes archéologiques antérieures et fournissent des données originales qui ouvrent de nouvelles perspectives de recherche sur les nécropoles de la vallée du Nil au moyen de traceurs indépendants et complémentaires des analyses archéologiques.

Sources : Institut national des sciences de l’Univers du CNRS

  1. Sheisha H. et al. (2022). PNAS, 119(37), e2202530119.
  2. Sheisha H. et al. (2023). Quaternary Science Reviews, 312, 108172.
  3. Younes G. et al. (2024). Journal of Archaeological Science: Reports, 53, 104303.
Contamination métaux - Gizeh
Le Sphinx et la pyramide de Khéphren sur le plateau de Gizeh (Egypte).© Nick Marriner

Références

Gamal Younes, David Kaniewski, Nick Marriner, Christophe Morhange, Hader Sheisha, Martin Odler, Yanna Wang, Zhongyuan Chen, Gad El-Qady, Amr Saleem, Alain Véron; The construction of the Giza pyramids chronicled by human copper contamination. Geology 2024.

David Kaniewski

Maitre de conférence
david.kaniewski@univ-tlse3.fr 05 61 55 89 11

Laboratoires CNRS impliqués dans l’étude

  • Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement (CRBE / CNRS / IRD / Toulouse INP / Université Toulouse III – Paul Sabatier )
  • Centre européen de recherche et d’enseignement de géosciences de l’environnement (CEREGE – OSU Pythéas / AMU / CNRS / IRD / INRAE / Collège de France)
  • Théoriser et Modéliser pour Aménager (ThéMA / CNRS / Univ Bourgogne / Univ Franche – Comté)

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